Interview : Thomas Groussin

Portrait de Thomas Groussin, partenaire J2C

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1/ Que faisiez- vous avant ?

De formation juridique, j’ai exercé le métier de journaliste moto et rédacteur en chef pendant 14 ans, puis je suis passé par la gestion hôtelière à Bruxelles.
Après un bilan de compétences qui soulignait mon appétence pour le social, je me suis orienté vers une formation d’alternance pour devenir directeur d’une structure médico-social. Après un stage au CASP en 2018, j’ai pris mes fonctions comme chef de service sur le site de Chatenay Malabry.

2/ Pourquoi avoir rejoint l’association et travailler avec nous ?

Partant d’un constat que 80 % des résidents n’avaient pas d’activités professionnelles soient 90 personnes, ils avaient besoin d’un accompagnement professionnel vers l’emploi pour se remobiliser. Et à cette même période J2C développait ses activités vers le département des Hauts-de-Seine. Notre rencontre a été matérialisée par une convention aux bénéfices de nos résidents, nos valeurs communes et d’inverser la proportion d’inactifs qui n’est plus que de 20%.

3/ Décrire l’association ARAPEJ avec vos mots

Arapej 92, Arapej signifie Association Réflexion Action Prison et Justice, fondé dans les années 70.
Arapej c’est 600 salariés et des actions qui s’étendent sur Paris et l’Ile-de-France.
En 2016, un rapprochement s’est fait avec le CASP (Centre d’Action Sociale Protestant), les deux structures ont fusionné, cela inclut un numéro vert destiné aux détenus et à leur famille pour se renseigner sur leurs droits.
Le CASP Arapej 92, ce sont deux dispositifs, des Centres d’hébergements et des appartements de coordination thérapeutique, cela inclut un hébergement et un accompagnement social et professionnel pour une réponse globale.
L’équipe est composée de sept travailleurs sociaux, il y en a quatre qui sont dédiés au CHRS pour 52 personnes et il y en a trois qui sont dédiés aux appartements de coordination thérapeutique. Les travailleurs sociaux peuvent être aussi des assistants sociaux ou des éducateurs spécialisés.
Un accompagnement thérapeutique et intensif vise à rendre leur autonomie et accéder à une solution de sortie adaptée à leurs besoins et leurs attentes dans les meilleurs délais ; les personnes qui ont une pathologie lourde et chronique ont un parcours de soin assuré par un médecin et une infirmière coordinatrice.
Ces deux dispositifs sont un tremplin pour retrouver leur autonomie dans un délai de 6 mois à 4 ans dont la moyenne du séjour est de deux ans.
Nos appartements se situent dans le sud du 92, un accueil majoritaire est réservé aux personnes sous-main de justice. Ce sont des logements diffus et partagés, en CHRS ce sont 33 places sur 52 qui leur sont réservées et 8 places en appartements thérapeutiques.
Deux personnes s’occupent de la logistique des appartements, un agent d’accueil administratif accueille les résidents à l’entrée, une psychologue clinicienne, une assistante sociale et des éducateurs spécialisés, puis des intervenants extérieurs, infirmières, soins à domicile, permanence juridique, dispositif premières heures et atelier vélo sociabilisation + formation pour les résidents.
Il faut s’adapter aux situations que l’on rencontre, il n’y a pas de sélection, l’accueil est inconditionnel sauf si l’habitude est inappropriée. En principe les violences verbales psychologiques et physiques sont la limite que nous nous fixons, même si nous prenons en compte les difficultés de nos résidents.

4/Décrivez l’association J2C avec vos mots.

Dans la mesure où notre mission c’est de permettre aux gens de retrouver leur indépendance et d’accéder à une solution de sortie, la plupart du temps la solution de sortie royale c’est d’accéder au logement.
Dans cette autonomie, la participation de l’individu à la société est primordiale et d’en trouver sa place quand on a les capacités et les aptitudes à travailler, avoir un emploi ou s’inscrire dans une démarche professionnelle où une formation est un processus de réinsertion inévitable.
A mon sens, pour une autonomie pleine et entière, une réinsertion réussie sur long terme, il y a une composante professionnelle et emploi, et Justice deuxième chance nous offre un service extrêmement précieux pour tous ces résidents car nous n’avons pas toutes ces ressources en interne pour offrir ce service aux résidents, donc c’est vraiment Justice Deuxième Chance qui le prend totalement à sa charge.

5/Pouvez-vous nous raconter une anecdote sympa sur J2C

Je pense à un accompagnement qui très difficile, un monsieur qui est arrivé du Maroc qui ne parlait pas très bien Français, sa première partie de séjour était très difficile, il n’avait pas droit au RSA, il était sans ressources, il commettait des délits pour subvenir à ses besoins pour s’habiller de la manière la plus correcte possible et puis il s’est fait prendre et il est retourné en détention.
A la sortie de détention, il s’est retrouvé sans aucune solution d’hébergement, nulle part où aller. Il est venu taper à la porte du CASP ARAPEJ 92, on a décidé de lui donner une deuxième chance. Nous l’avons hébergé, puis c’est Justice 2C qui l’a remobilisé pour le remettre en emploi, ça n’a pas été facile. Son rêve était d’être mécanicien auto et puis finalement à force de travail, à le remobiliser lorsqu’il baissait les bras, aujourd’hui on a réussi à faire en sorte qu’il soit devenu mécanicien automobile. Ce monsieur a un salaire de plus de 1500 € et il est à deux doigts d’accéder à un logement pérenne. Ce n’est pas vraiment une anecdote, mais c’est le genre de parcours qui nous remplit de joie.

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