Interview : Hayate BAJJOU

Hayate BAJJOU, conseillere en insertion profesionnelle chez J2C

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1/ Que faisiez-vous avant ?

Avant de rejoindre J2C, je travaillais en tant que CIP dans un espace dynamique d’insertion, j’accompagnais des jeunes très éloignés de l’emploi : des jeunes déscolarisés, pris en charge par l’aide sociale à l’enfance, des femmes victimes de violences, victimes d’esclavagisme moderne …et des sortants de prison. Le point commun de la majorité de ses jeunes est qu’ils sont pour beaucoup dans une grande précarité matérielle et affective, complètement désorientés mais possédants d’énormes capacités et compétences, que je me forçais à faire émerger !

2/ Pourquoi avoir rejoint l’asso ?

Je dirai que c’est la magie de la vie ! l’inattendu qui se présente au moment où je réfléchissais à vouloir accompagner les personnes sous-main de justice, mais cette fois à l’intérieur des maisons d’arrêt. J’ai eu une opportunité qui s’est présentée au moment voulu. J’aime les défis et surtout les interactions humaines sont primordiales pour m’épanouir. Ecouter le candidat, le conseiller, l’aider à gérer ses émotions, à améliorer l’estime de soi, tout en veillant à construire ou continuer à élaborer son projet professionnel…

Ce qui est important à souligner, c’est que nos candidats nous enrichissent et nous donnent envie de nous investir pleinement même si on sait que l’accompagnement est un travail difficile.

Voilà pourquoi j’ai rejoint l’asso, c’est un public qui me captive et qui m’oblige à sortir de ma zone de confort !

3/ Décrire l’asso avec vos mots

J2C c’est une association composée de personnes bienveillantes qui œuvrent pour trouver des solutions aux PPSMJ. C’est un travail en commun, au sein de l’équipe, l’équipe réfléchit à comment proposer un accompagnement efficace dès la sortie de prison afin de mobiliser le candidat et de le rendre acteur et autonome de son projet de vie. Pour cela plusieurs actions sont mises en œuvre, des ateliers collectifs, des entretiens individuels personnalisés, des moments de détente en organisant des évènements comme des sorties culturelles, des forums, des rencontres (où nous convions les parrains et marraines des candidats)…

Et surtout les positionner vers une formation ou un emploi qui correspond au mieux à leurs attentes en tenant compte de leur situation urgente dès leur sortie.

4/ Une anecdote sympa ? 

Lors d’un atelier emploi, je demande aux candidats d’énumérer leurs expériences professionnelles en étant précis sur les dates. Un candidat reste un moment sans réagir et me dit à haute voix qu’il n’a jamais travaillé ! Au vu de son âge mur, je comprends qu’il a purger une peine de longue durée et qu’il n’a connu que la prison depuis l’adolescence ! Je le questionne et il réussit à nous parler de toutes les réalisations professionnelles qu’il a exercé en maison d’arrêt. Cela pourrait paraitre pathétique pour certains mais bien au contraire, il a pu nous parler concrètement de métiers, nous avons bien ri en groupe ! Il faisait émerger ses compétences, les autres candidats lui posaient des questions, il se sentait valoriser, confiant et il en parlait avec détails durant l’atelier, j’ai du le stopper pour continuer l’atelier